PROJET SVAVS / SAUVAGES / SOFIE VANGOR & VOLAUVENT / TROUBLE / LA PIGEONNE MORTE 2016 - 2018

 
SAUVAGES / SVAVƧ







Que l’on puisse lire indifféremment un mot en partant d’un bord ou de l’autre, que l’on puisse être la femme autant que l’homme, l’homme et la femme tout à la fois. Être un en étant deux, qui l’on veut en restant soi. Que tous les âges en nous se chevauchent, que les corps se prolongent et le monde se fasse chair. Que l’on puisse faire ce qu’on veut quand on le veut, mettre au-devant l’enfouissement en endossant la parure. Qu’être soit paraître et que faire aille de soi. Que le vêtement nous serve dans chacune de nos causes, que toute piste soit à nouveau devant nous effacée. Que tout soit toujours le même et jamais ne se répète.

Qu’on s’en remette à l’expérience, qu’il n’y aie pas de seconde chance. Quelque part sur la peau, en arborer la marque.

Le projet SAUVAGES/SVAVƧ est une collaboration entre les artistes Sofie Vangor et Volauvent. Il se déploie sous différentes formes – gravures, photos, peintures, textes, performances – en différents lieux et à l’occasion d’événements divers. Autour de ce binôme artistique, plusieurs intervenants viennent prendre place en fonction des nécessités du projet, notamment en ce qui concerne la photographie et la performance.

SAUVAGES/SVAVƧ exclut toute rigueur autre que celle du désir et se situe quelque part avant le premier mensonge. C’est une invocation des figures du passé, une évocation des visions qu’il en reste. Le point de départ d’une fabulation aussi vraie qu’elle nécessite les affublements de circonstance pour se trouver.







                                                                                     Jy, mai 2016
Jérémie Demasy









SVAVS, tatoo éphérère sur peau, 2016































Trouble, prise de vue de la performance au Musée des Beaux Arts de Liège, 2016
sofie vangor




























Trouble, prise de vue de la performance au Musée d' Ansembourg, Liège,  2016
sofie vangor







Je suis une bête de scène
une bête de sexe

j'aime l'expérience forte de vie
le sperme, ce qu'il encense et le vide qui plane ensuite
ferveur qui se fane
respiration subtile

dressant des vues d'ensemble
je suis violent, animal, avide

rencontre mon plaisir dans tout ce qui fait pâlir

et l'ardeur de mon désir me blesse

mais il meuble le temps qu'il me reste à être

me meut avant ma mort sur les terres arides
m'en extirpe
m'entraîne dans des tohu-bohu / chahuts d'un autre type

ses cheveux / rivière que j'empoigne, sauvage
ma salive salissant son visage vaste comme une énième énigme

chaleureuse ma hargne chevauchant des champs incertains de miel

et je lorgne son arrière train
et je cogne contre les parois de tout ce qui nous restreint

puis je reste tranquille
sirote mon verre en silence
espérant deviner d'un rot
ce qu'il adviendra des nos reins drapés

nos riens qu'enrobent nos noces
nos audaces,nos nausées

laissons donc une trace
un cri, une caresse
que sais-je encore
une tache de menstruation sur le carrelage froid

de monstrueuses remises en question
quant au cadrage de nos effrois

sur le large qu'ils inaugurent
laissent entrevoir

comme un voile
décousu tel un discours vrai
délaissé
sur ses cuisses désirantes

comme une voix qui nous dépasse
nous dicte comment nous dépenser

un pacte avec la grandeur

un acte d'où le doute est absent
un accès de rage doux et délicieusement délictueux

une dédicace aux anges déchus
aux chute d'eaux
aux auras

les tourbillons que nos troubles fondent
les contours que dessinent leurs ombres

surprenants

elle, prenant de l'avance
sur un pont bancal et sous un vent vorace
en manque d''âme
en manque d'amour

menant la danse
emmenant, minces et menues
nos minuties

nos minutes magistrales
contraintes d'encore entendre l'âpreté de paysages trop proprets
d'attendre avant de tendre vers

à nos frêles existences
leurs expédients
leurs excitants

leurs excédants tels d'accidentels dentelles dangereuses

leurs leurres / leurs lueurs

éternels nous ferrons face à ce souffle profond qui nous alimente nos animosités mais qui déjà
nous manque

nous fait défaut
nous fait défaillir
nous fait de l'effet
nous fait

mais est-ce nouveau?

C'est ce que nous pourrions nommer la défaite d'être

est-ce la fesse qui en serait la fête?

Volauvent


















Trouble, textiles, acrylique, 2016
































Trouble, perruques, 2016 @sofievangor









































TROUBLE, photographie, acrylique, fusain, 2016

























TROUBLE, performance, impression d'un tatoo éphémère sur bras, Musée des Beaux Arts, Liège,2016 sofie vangor





















Trouble, prise de vue de la performance TROUBLE, Musée des Beaux Arts, Liège,2016     @Rocco Raone
























Trouble, acrylique, photographie, 2016 @Sofievangor


















































Trouble, installation, huile, toile, dimension variable, 500 x 200 cm, 2016







































acrylique sur textiles / 2016 / @Sofie Vangor


























TROUBLE, performance, impression d'un tatoo éphémère sur bras, 2016




Je lui avais offert mon cœur
elle m'avait concédé son corps
chacun trompait l'autre avec la partie qu'il avait conservé

et je ne l'aimais jamais autant qu'absente
ainsi elle ne malmenait la belle image d'elle que je façonnai par inadvertance

j'éprouvai cette fascination mêlée d'épouvante face à l'infini de ses ondulations, modulations d'être

dans cette lutte charnelle acharnée, c'est un adversaire plus fortiche que soi qu'on cherche
quelqu'un qui d'un regard puisse nous terrasser, avec qui rester assis et se taire est assez

qu'il est terrible de ne pouvoir atterrir, voué à voguer
et pour que l'enfer cesse, nous n'avons rien trouvé de mieux
que de fourrer son sexe dans une paire de fesses

mais une de celles qui nous anime l'âme
car l'amour se situe tout justement dans la distance qu'il y a entre consommer et être consumé
là où tout geste tendre détient cet indéniable caractère létal en latence

ci-gît l'enjeu de nos jeux doux et dangereux

ces nuits sans ennui ni tabou seront éternellement à nous
mais pourtant tellement nuisibles

car à chaque fois c'est le grand jour qui s’immisce
celui où chacun devra seul trouver les pistes
faire en sorte que s'éclipse ses propres prenantes, compromettantes mises à nu
son nez à nez avec son néant, étrange et géant, génial et gênant

devra une fois encore tenter de s'amuser de sa misère tamisée d'être

                                                                                                        
                                                                                                                                                VAV









Trouble, prise de vue de la performance au Musée d' Ansembourg, Liège,  2016











Performance TROUBLE / Volauvent / Sofie Vangor / Olympe Vangor












Trouble, prise de vue de la performance au Musée d' Ansembourg, Liège,  2016




















LA PIGEONNE MORTE




Mon regard aime à se perdre, s’égarer sur les innombrables toits de la ville noire et silencieuse. Acrobate, il gambade de l’un à l’autre. Y trouve une extase esthétique. Ce sont mes plaines sauvages, mon immensité majestueuse aux formes multiples, imbrications d’infini. Immobiles, perchés, ils sont soiffards de grands larges. Ils lancent au ciel un cri muet.
Sous eux se terrent les êtres en cage. Ceux qui ne se connaissent plus. Accrochés aux murs et aux trottoirs, les dégringolant les yeux rivés aux rigoles. Ils sont ternes et mornes tels des morts-vivants, embourbés dans le brouhaha des allés-retours stériles de leur aliénation. Ils entrent dans les boutiques persuadés qu’il s’y trouve une vie, un sens, un intérêt quelconque. Mais ils se trompent. Ce ne sont que boîtes, cartons, textiles sans âme ni cachet, aux couleurs criardes. Cimetière d’une humanité résignée.
Les toits sont fiers et solennels, semblables aux cimes d’arbres centenaires et montagnes aux neiges éternelles. Alors que grouillent et rampent une dizaine de mètres plus bas, les malades inquiets, ils ont la beauté des territoires vierges, contrées inexplorées, paysage qui ne se rend accessible qu’aux regards égarés, que rien ni personne n’a encore souillé si ce n’est les clochards ailés de leurs fientes vertes, grises, brunes ou blanches, selon ce qu’ils ont ingurgité de nos déchets.


                                                                                                                                                  VAV
 





Faite de sexe, de violence et de mort.....                                                                                                          2016@KAER







































LPM, italie, 2016




































acrylique sur textile / 2017 @Sofie Vangor











































Rouge à lèvres sur peau / 2016 @Frédéric Materne













acrylique sur textile / 2017@Sofie Vangor


























VAV                                                                                                                                                    2016@Frédéric Materne


































La Pigeonne Morte, photographie, 200 x110 cm, Sofie Vangor, 2016














C'était un ciel. Un de pas vraiment tangibles. Une saloperie. On le regardait. C'était blême. C'était un ciel. Une tirade. Un cri. Une jérémiade mal gérée. Une allégresse, un truc à rendre plus ou moins mal à l'aise. C'était un ciel, installé, fier, un ciel. Un machin qui tient pas la route, un ciel. Là, bien là. Par moment, virevoltant, virant au violet. Soutenant une certaine violence. Un ciel. Une immensité qu'on tente de contenir. Un exercice de style. Un infini qu'on touche des yeux.

Il était là, étalé, c'était le ciel. On y croyait à moitié mais c'était le ciel. Il était quand même là, bien là, quand il se mettait à émettre du rose, du bleu, du gris. Ça nous grisait. Paysage narrant marasmes, marées, nausées osées. Ossements déjetés, c'était déjà ça. C'était un ciel. Une étincelle, un souci d' y être avant de s'éteindre. Un ciel. Une donnée. Une déclinaison. Un point d'encrage. Une accroche. Le ciel. Un jeu des dieux. Un décor. C'était le ciel, rempli d'étoiles, ce sous quoi traînent les putes et les astres filants. Une soupape, un pied-de-nez. Un désarroi, un dé à jouer. Une ritournelle, une chanson. Un air écrit, un écrin sous lequel se glisse le silence, maladroit. Placé là sans savoir comment ni pourquoi. Un ciel. Fameux. Une fiévreuse envie d'en finir. Un ciel, beau, bleu, nauséabond, une abondance. Une catastrophe, un désastre, un cas d'école. Un éclat, une cloison. Un ciel. Ce sous quoi dansent les gens. Une légende, une éclosion. Une beauté, une chape de plomb, le ciel. Ce sous quoi tout se disloque. Et la passion, poison, crache criarde les pourtours de son amertume rondelette. Le discours reste indemne, le même. Nous sommes le ciel. La cécité demande son reste. Le désir cherche à se délester de lui-même. Alors c'est encore un cri et c'est le ciel. Une souffrance, un sacrifice, un silence. Une beauté infinie. Un jet de bleu, rose, anthracite. De quoi se taire. La puissance de la peur. Être, être, être...

Volauvent